Se faire tatouer ?

Parmi les phénomènes dont la visibilité s'amplifie et s’affiche à notre regard dans l'espace public, les tatouages corporels que choisissent nombre de jeunes, filles et garçons, mais aussi des adultes, tendent à se généraliser et à s’imposer ! On peut légitimement chercher à identifier les raisons de cette vogue et le but recherché par ses adeptes.

 Se faire incruster dans la peau des signes indélébiles est-il une façon d'avouer une insatisfaction de leur apparence physique et même morale ? Est-ce dévoiler à qui les croisera des évènements privés et intimes qui les ont marqués à jamais ? S’agit-il pour ces adeptes du tatouage de se singulariser et donc de faire respecter leur identité particulière, dans une société qui globalise et uniformise trop facilement les modes de vie et standardise les convictions ? Le besoin de se faire tatouer révèle-t-il une crainte intérieure de laisser sombrer dans l'oubli des promesses, des liens amoureux, des engagements, et de les afficher ainsi à la vue des proches, à l'image des post-it que l'on colle sur la porte du réfrigérateur afin de ne pas oublier les projets que l'on s’est promis de réaliser ? 

Au total je vois plutôt cette coutume, dont la manifestation est ancienne et l’extension nouvelle, comme un aveu d’insatisfaction des apparences et donc un désir de s'améliorer physiquement ainsi que moralement et spirituellement. Personnellement, sans qu’il n’y ait aucun jugement de ma part, je pense que cette piste est vaine. Les tatouages corporels n’embellissent pas la personne. Car le plus beau et le plus aimable en chaque être est l'expression naturelle de ce qu'il est en lui-même. Les panneaux d'affichage à l'entrée des villes n’ont jamais qualifié les habitants de celle-ci.

 Bien sûr je concède volontiers le droit à quiconque de modifier ses apparences physiques et d'afficher publiquement ce qui le marque intérieurement ! Je me sens plutôt invité à conseiller d'autres itinéraires et d'autres pratiques pour surmonter les obstacles et les faiblesses qui se dressent pour progresser vers plus d'humanité et avoir des relations de meilleure qualité avec les autres. Il faut d'abord s'accepter soi-même et croire en ses propres talents en les exerçant avec enthousiasme, humilité et lucidité, sans avoir besoin de se comparer à d'autres ni de les surplomber ! 

En Afrique où j'ai vécu sept ans, la coutume de certaines ethnies était de se faire tatouer pour se différencier d'autres groupes et affirmer ainsi leur singulière identité. La langue n'était pas leur seule façon de s’affirmer. Se faire tatouer est donc selon moi un artifice. Je ne le juge pas. J'ai seulement souhaité dans ce billet faire mention des quelques réflexions que ce comportement humain suscite en moi !