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Les billets du Père Lucien Marguet
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25 mai 2015

L'Eglise est-elle une démocratie ?

Si de fait l'Eglise ne fonctionne pas comme une démocratie qui fonde la légitimité de ses décisions sur le point de vue majoritaire, elle pratique pourtant très souvent les débats ouverts dans lesquels chaque tendance peut s'exprimer librement. Le Synode sur la famille qui vient de se tenir à Rome a donné lieu à des prises de parole parfois diamétralement opposées. Le Pape lui-même avait souhaité que cette démarche synodale permette une franche expression de tous eu égard à la diversité et la complexité des questions concernant la famille dans le monde. En un mot, l'Eglise s'appuie sur des Conseils qu'elle multiplie à tous les étages de sa vie.

 Par exemple, en paroisse il existe un Conseil Economique, financier, immobilier. Ses membres sont chargés de donner leur avis et d'émettre des souhaits devant telle ou telle décision à prendre. Or le Conseil économique est toujours présidé par le curé qui a reçu la charge de "gérer" la paroisse en même temps que sa nomination de l'évêque du diocèse.

Il existe une Equipe d'Animation Paroissiale qui a pour tâche de veiller à ce que les services attendus d'une paroisse soient effectivement assurés et d'initier ceux qu'il serait souhaitable d'offrir.

Il existe aussi un Conseil Pastoral de Secteur qui a pour objectif de dire à l'Eglise les réalités humaines du monde où elle est implantée. Le Conseil ne prend peut-être pas de décisions, mais par ses apports et ses débats il permet une incarnation plus lucide et avisée de l'Evangile.

 Non, l'Eglise n'est pas une démocratie qui prétendrait associer à égalité tous les baptisés aux orientations et décisions pastorales. Car le ministère d'un évêque, et par délégation celui des pasteurs, n'est pas la misson conférée par son baptême à un chrétien. On a parlé de responsabilités différenciées dans la vie de l'Eglise. Pourtant on peut largement parler de démocratie participative dans la mesure où l'Esprit Saint n'intervient pas dans les communautés seulement dans leur hiérarchie, mais bien sûr aussi dans les membres des corps eux-mêmes.

 La parole partagée, les débats, les échanges de points de vue, les interpellations dans l'Eglise sont donc souhaités, et chacun peut y prendre part avec la force que lui transmet l'Esprit Saint. Mais c'est vrai, après l'écoute attentive des convictions des uns et des autres, une communauté de croyants est en droit d'attendre que la personne ayant reçu un mandat pour cela tranche et décide. Cette mission d'ailleurs est un véritable service. Elle n'est pas un acte qui prend parti pour un courant contre un autre, encore moins celui d'un clan vis-à-vis d'un autre. Par exemple, la tâche d'un curé n'est pas de dire "oui" à tout et à tous les points de vue. Il doit s'assurer qu'il y a une cohérence avec l'Evangile dans une initiative envisagée par un groupe particulier. Il doit aussi vérifier que la cohésion de la paroisse ne sera pas menacée de scission et de division par telle initiative.

 La vie de l'Eglise, on le devine, n'est pas gérée comme une entreprise. Pas davantage comme le fait un professeur dans sa classe. L'Eglise n'est pas non plus une auberge espagnole où chacun apporte sur la table ce qui sera consommé par tous. L'Eglise - sa nature profonde, son origine -, est dans le cœur même de Dieu. Sa vie et sa mission se reçoivent de Dieu par Jésus et dans l'Esprit. Ainsi la vraie question est bien d'être fidèles ensemble, mais chacun(e) selon sa vocation et sa mission, à ce qu'au fond de nous l'Esprit nous inspire. Le logiciel d'une vie chrétienne, Jésus en est le créateur dans l'Evangile et l'Eglise l'utilisatrice habituelle.

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