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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 septembre 2016

"Et le Verbe s'est fait chair"…

Dieu n'a pas seulement parlé à l'humanité par les patriarches et les prophètes sous forme de messages codés à déchiffrer en les situant dans leur contexte et le moment où ils ont été diffusés. Dieu s'est incarné en Jésus, physiquement, dans une existence singulière et particulière qui a transmis et traduit en vie humaine la divinité messianique. Il a été jusqu'au bout de cette logique de l'Amour divin dont la mort en croix est le signe probant.

Dieu n'a pas répété qu'il aimait sa création et les créatures humaines. En devenant l'une d'entre elles et en assumant entièrement sa condition, Jésus a "incarné le Verbe divin". Du coup, l'Eglise est appelée à vérifier si elle prend aussi le même chemin que Jésus, celui qui incarne réellement ce qu'elle révèle, ce qu'elle conseille et annonce. Aussi l'Eglise et les chrétiens qui en sont le visage, les prêtres, les évêques et le Pape, les religieuses et religieux de toute espèce, ne doivent-ils pas souvent s'interroger sur la cohérence qui articule leurs paroles et leurs actes, leurs annonces verbales et leur témoignage concret de vie ?

Je prends conscience, avec ces années pastorales passées, combien j'ai pu aussi contribuer à des beaux concerts de paroles, de projets, de promesses ! Comme trop souvent, j'ai exprimé des "il faudrait que…", "il est urgent de…", sans donner à suite à ces "constatations" qui auraient réclamé des décisions, des choix, des engagements courageux quand bien même ils n'étaient pas immédiatement ni compris ni admis… Souvent, comme beaucoup de mes confrères prêtres, j'ai eu peur des réactions et me suis réfugié dans des paroles qui prétendaient justifier le "statu quo" de nos pratiques pastorales habituelles. Si Dieu avait eu cette frilosité qui souvent nous paralyse dans les paroisses, alors le Verbe ne serait jamais venu se faire chair.

Par lâcheté, sous le poids des habitudes, les paroisses ont trop souvent manqué de créativité, d'initiatives, non dans le but d'édulcorer le "Message évangélique", de le limer sur l'établi ou le marteler sur l'enclume pour le rendre moins bousculant et exigeant, mais plutôt pour en montrer la toujours vivante actualité. Au lieu d'agir, nous avons beaucoup parlé et pavé nos vies de bonnes intentions, nous avons rédigé de longs projets pastoraux, souvent voués à l'oubli. Nous sommes aussi friands de "bilans", mais ce qu'ils font apparaître nous conduit trop souvent plus à des paroles qu'à des actes. Dans la posture du pape François, beaucoup de nos contemporains apprécient ce qu'il dit, mais plus encore ses actes qui incarnent les messages verbaux qu'il diffuse.

Après ce temps en situation de pasteur, je suis fatigué par ces réunions dans lesquelles les souhaits et les regrets tiennent le haut du pavé et qui finissent par donner bonne conscience, alors qu'elles devraient permettre de discerner et décider quelles évolutions et actions il faudrait soutenir pour qu'elles deviennent une œuvre commune. "Ce n'est pas celui qui dit 'Seigneur, Seigneur' qui entrera dans le Royaume, mais celui qui fait la volonté de mon Père"…

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