Transmettre, une mission essentielle pour les parents, les enseignants, les éducateurs, les catéchistes…, l’Eglise tout entière

« Transmettre » se pratique selon des modes divers. C’est par exemple enseigner ce que l’on connait à des personnes qui alors découvrent, retiennent et augmentent leur bagage intellectuel, ce qui fait reculer l’ignorance en amplifiant les savoirs. Le verbe « initier », lui, consiste à transmettre en associant à la fois des explications verbales à des gestes et actes qui réalisent concrètement ce qui est enseigné. Enfin, outre un savoir-faire, on peut transmettre un « savoir-être », personnel et social, familial. Ce que certains éducateurs appellent des « valeurs » : le bien, le meilleur, le beau, le juste, etc… Il est constatable que l’acquisition des moyens matériels et intellectuels pour avancer doit s’accompagner de raisons et de références pour vivre ! Or il arrive que certains adultes avouent que, s’ils se considèrent autorisés et même invités à transmettre des connaissances, ils ne se sentent plus capables d’indiquer des principes moraux et religieux. Au nom du respect de la liberté de conscience de leurs enfants, ils déclarent qu’ils les laissent choisir eux-mêmes leur itinéraire et leurs repères éthiques et spirituels pour cheminer. A mon avis, ils ont tort d’être ainsi sur la réserve, car c’est priver les enfants des leçons et du soutien dont ces adultes ont bénéficié dans les diverses étapes et expériences de leur vie. De plus, c’est faire peser sur les épaules de leurs enfants l’obligation de trouver par eux-mêmes un logiciel hypothétique et risqué, puisqu’ils ne sauront que dans l’avenir s’il est bienfaisant !

 Bien sûr chacun sait que pour « transmettre » à Jean il faut d’abord regarder, cerner, entendre qui est Jean ou tel groupe que l’on désire « enseigner ». Les « langages » des mots, des témoignages et récits de vie, des images, symboles, paraboles, allégories, fables, seront des modes de transmission appropriés à certains publics. Si le contenu des valeurs, selon mon point de vue, passe les époques et les modes de culture et de comportement, les personnes qui ont charge de « transmettre » doivent toutefois adapter leur pédagogie en fonction de l’état de leur auditoire sans affaiblir l’exigence et l’intérêt pour aujourd’hui des richesses qu’il détient.

 La mission de « transmission » est donc au cœur de l’existence de chaque adulte, mais aussi déjà de chaque enfant qui trouve beaucoup de joie à partager avec ses frères et sœurs et amie(s) ce qu’il a déjà reçu lui-même. Chercher, s’interroger, réfléchir ensemble pour trouver des réponses et s’apprendre à choisir et agir n’est-il pas le propre d’un parcours en proximité et en fraternité ?

 « Apprendre à discerner » me semble être un besoin plus qu’urgent à une époque qui se fait un point d’honneur à offrir le plus grand nombre de choix possible. Je peux revendiquer la liberté de « décider ma vie », mais qui et quoi me guidera dans mes choix et m’évitera de prendre des voies sans issue et d’adopter des comportements sans lendemain ? La 5G va remplacer la 4G. Mon ordinateur offre tellement de possibilités, mais comment les utiliser selon les critères choisis ?

 Un des dangers dans le domaine des diffusions, des transmissions par les moyens de communication dans notre société actuelle me semble être l’inflation croissante des idées, des petits et des grands événements du monde dispensés à tout vent et sans vérification objective possible. Ces millions de données, comment les classer, quels moyens pour « discerner » leur degré d’importance et d’utilité si je n’ai pas d’échelle de valeurs pour en juger vraiment ? Les parents qui ne viseraient qu’à « instruire » et faire obtenir des diplômes à leurs enfants dans le but de leur permettre de bien gagner leur vie financièrement auraient-ils le droit de se satisfaire de ce choix ? N’y a-t-il pas à leur souhaiter de faire davantage pour accomplir ce rôle de « transmission » ?