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Les billets du Père Lucien Marguet
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7 mai 2022

Se garder d’un jugement hâtif…

 

Permettez-moi dans ce billet de plaider pour que soient toujours distingués clairement le récit d'un événement ou la description d'une situation et le jugement personnel que l'on peut avoir ! Je trouve toujours regrettable le mélange des deux expressions. 

La première se doit de rapporter le plus objectivement possible les faits sans y mêler déjà un "ressenti", une opinion, une interprétation subjective, lesquels peuvent intervenir mais seulement à la suite de la narration en s'assurant que l'interlocuteur l’a clairement captée ! Or trop d’auditeurs ou de lecteurs se permettent un jugement intellectuel et même moral quand ils entendent ou lisent l'évocation d'un fait destiné "à faire savoir". Celui qui "transmet" doit le faire avec un grand souci de vérité et de neutralité pour ne rien modifier ou orienter de l'authenticité de ce qui est relaté. C'est une façon de respecter l'exactitude mais aussi de se garder d'influencer le point de vue de l'un ou des interlocuteurs qui pourront exprimer eux-mêmes leur point de vue spécifique ! Cette tendance à peser jusqu'à façonner l'opinion des autres et plus encore leur faire la morale peut vouloir prétendre à penser et réfléchir à leur place, autrement dit à ne pas faire confiance à leurs capacités de bien discerner et juger par eux-mêmes, en conscience. 

J'ai remarqué aussi la tendance actuelle à désigner immédiatement des coupables, en enjambant l'étape pourtant indispensable de l'analyse des causes et des circonstances qui font apparaître la complexité dans la survenue d'un événement ou l'instauration d'une situation. Car suspecter, et plus encore qualifier de coupable une personne ou une catégorie sociale, s'avère souvent injuste et déjà invérifiable puisque sans preuves évidentes. J’ose écrire que cette manie de raconter et de juger en même temps, qui prive d'avoir à réfléchir longuement et profondément et de camper sur les rives du ressenti émotionnel et superficiel, oui, cette posture-là est une forme chronique de paresse. 

Trop souvent à notre époque, on se laisse soumettre à des vogues et des modes, on se laisse influencer par des slogans, des impressions, calquer nos idées sur des courants de pensées dominants. Je ne rappellerai pas le poids des médias, écrits, vidéo et audio, des réseaux trop exagérément qualifiés de « sociaux » sur les mentalités, les opinions en cours de nos contemporains. Mais qui peut affirmer qu'il ne s'est jamais fait piéger dans ce méli-mélo des influenceurs et des propagateurs de vérités toute faites, prêtes à être consommées sur place ? 

Les propos de ce billet me font d'ailleurs penser à l'évolution de nos habitudes alimentaires. On ne se contente plus de faire cuire un produit dans son entier à partir de composants bruts, mais on le cuisine à partir de composants souvent reconstitués auxquels sont ajoutés d'autres éléments additifs (opinions, pré-jugements). Redevenons plus adeptes du réel et méfions-nous de juger sans prendre longuement le temps de la réflexion, de l'analyse des faits et du discernement, mots qui devraient toujours être au service du jugement.

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