Dans ce monde éclaté…

Il me semble que l’un des appels de la société actuelle auquel l’Eglise doit répondre est la diversité ethnique, culturelle et la multiplicité des convictions et des appartenances. Porteuse d’un message d’unité, l’Eglise a pu parfois rêver réaliser cette unité autour d’elle. Elle a peu à peu compris que ce désir d’unité légitime ne se ferait sans doute pas par la réduction des différences et l’imposition de l’uniformité. Elle a compris, je crois, qu’elle doit éviter de rêver d’une nouvelle tour de Babel dans laquelle tout le monde se rassemble et se ressemble pour vivre un communautarisme à la fois défensif et offensif au cœur d’un monde ignorant et parfois hostile. 

Quand bien même l’Eglise ne doit plus se donner le rôle de fédératrice, elle ne doit pas cependant renoncer à délivrer le message évangélique avec bienveillance, confiance, humilité et douceur. Si le monde est conflictuel entre groupes divisés et parfois très violents, les chrétiens témoignent du fait que respect, estime, coopération et concertation, action convergente, sont possibles entre humains divers et différents, et même divergents. Le message chrétien n’est ni usé, ni dépassé. Il est toujours à proposer en l’actualisant en paroles et en engagements. 

L’image qui me revient pour justifier la vérité de ce billet est celle de la source. Très souvent tous les bénéficiaires de l’eau ignorent le lieu de provenance de l’eau dont ils bénéficient au jour le jour. La même eau irrigue et fertilise des lieux multiples. Sur ces espaces poussent des végétaux, des arbres fruitiers variés… La même eau et une vie plurielle ; n’en est il pas ainsi des liens des humains avec Dieu ? Il est tant et tant de canaux qui relient la multiplicité des humains au Divin cependant unique source, au passé, dans le présent et pour demain ! 

Si je peux poursuivre cette image de la source et des canaux d’irrigation, je me permets de souhaiter à l’Eglise et à tous ceux et celles qui s’en disent membres actifs de prendre grand soin de la source en priorité, Les croyants en Dieu, source de toute vie, ont aussi cette mission de contempler et valoriser ce que l’eau répartie par les fossés, les rivières, les fleuves, produit de récoltes de toutes catégories. Cette personne, ce groupe, cette famille que je connais et fréquente, est coutumière de tant de beaux gestes de fraternité, alors qu’aucun de ses enfants n’est baptisé ! Et ce collègue si turbulent, qui énerve et fatigue son entourage, qu’il est admirable par sa présence fidèle à un vieillard isolé, sans parler des heures qu’il passe à militer dans son groupe syndical.

Un jour, des proches de Jésus font part à celui-ci de leur étonnement devant les actes bienfaisants accomplis par des gens étrangers à leur groupe. « Qui n’est pas contre moi est pour moi », leur répond Jésus. Il me semble que c’est aussi la mission des chrétiens de savoir approuver et se réjouir devant ce que pensent et font les gens et les groupes, quand bien même ils se tiennent à distance de toute démarche de foi. Je pense à ces grands-parents qui se désolent de l’indifférence religieuse dans laquelle leurs enfants et plus encore leurs petits-enfants déroulent leur vie. Il m’arrive de leur recommander de savoir mieux accueillir et relire leur vie et d’apprendre à y reconnaitre la présence de l’Esprit Divin…