Moins de biens pour plus de liens

Le service Formations de notre diocèse a programmé cette année trois rencontres sur le thème du Bien commun. Tous les prêtres, diacres, laïcs en mission, sont invités à y participer car c’est une question cruciale à la fois sur le plan social, familial, économique, local, international et bien sûr ecclésial. En effet la culture diffuse encourage plutôt à se mobiliser et à se sauver soi-même qu’à se soucier d’autrui au point de lier son propre destin à celui des autres.

Il n’est que d’observer les mouvements sociaux par lesquels des groupes, des catégories de citoyens revendiquent de maintenir leurs droits déjà acquis ou d’en ajouter d’autres, dans une logique d’obtenir et de détenir « toujours plus ». Le ressort individuel et catégoriel prévaut sur la défense et sur la promotion de l’ensemble, le Bien commun semble souvent venir loin derrière la recherche de biens particuliers et individuels. Or, à trop laisser les inégalités se développer entre les milieux sociaux et selon la position hiérarchique, sur les plans économique, du pouvoir d’achat et par-dessus tout des cloisonnements qui s’accentuent jusqu’à creuser des fossés infranchissables, le tissu social et culturel se délite. Cette société qui laisse s’éloigner et même s’ignorer les membres qui la composent n’est-elle pas menacée d’implosion ?

 Le diagnostic de nombre d’observateurs avisés est le même, il faut remettre la faveur pour le Bien commun dans les consciences. Une communauté humaine n’assure sa solidité éprouvée et durable que lorsque le sentiment d’appartenir à un « ensemble » dans lequel chaque membre bénéficie des mêmes droits et contribue aux mêmes devoirs gagne du terrain sur la tendance au repli, à l’instinct d’appropriation et de possession exclusives. L’atmosphère ambiante diffuse largement et dans tous les domaines le libéralisme flatteur des désirs, des envies, de la primauté donnée au « chacun pour soi » et au plus débrouillard… Les notions de justice, de dignité et d’équité sont parfois supplantées par celles d’efficacité, de réussite et même de chance offerte en plus !...

Mais ce qui est parfois mal compris, c’est qu’établir le Bien commun n’est pas la tâche seulement de quelques-uns. Cela doit mobiliser tout citoyen, selon le champ évidemment différent de ses capacités, de ses responsabilités, de son âge, de ses pouvoirs actuels ou à venir… Les courants écologiques appellent inlassablement tous les citoyens du monde à se mobiliser pour la sauvegarde de notre planète. Non pas ce qui plait à chacun mais ce qui est préférable pour tous, non pas dans l’instant mais aussi pour demain. Le Bien commun n’est pas le résultat de l’assemblage de biens particuliers, mais l’expression d’une volonté partagée et assumée qui donne la priorité à la « totalité », afin que le plus modeste soit assuré de recevoir la part dont il a besoin pour vivre et s’épanouir, réellement et durablement. Aussi l’on comprend aisément ce slogan répété en nombre d’associations : « Moins de biens pour plus de liens »…

Par exemple, l’échelon premier du Bien commun du « vivre ensemble social » m’apparait être celui de la « commune ». Le maire et son équipe municipale ont la belle et lourde responsabilité non seulement d’assurer la vie communale, mais d’en améliorer, toujours, avec justice et justesse, l’établissement et le fonctionnement qui donnent à chacun et chacune et à l’ensemble des citoyens de cohabiter en bonne intelligence. Enfin, dans l’Eglise chaque croyant est appelé à se demander quelle part il prend dans l’existence, l’extension et l’animation de la communauté dans laquelle il reçoit un soutien spirituel et religieux. Contribuer, même modestement, à construire et maintenir le Bien commun, c’est sans aucun doute contribuer aux fondations d’un vivre ensemble dans lesquelles « l’Humain » demeure toujours prioritaire.