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Les billets du Père Lucien Marguet
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16 décembre 2019

Prenez du temps… donnez-vous du temps…

 

Dans un dédale de vies sous pression où le tout tout de suite devient trop souvent une loi contraignante, n’est-il pas bon que chaque année l’Eglise nous offre des temps, tel l’Avent, qui nous invitent à souffler, réfléchir, attendre, exercer notre patience et surtout développer notre aptitude à la confiance, mot quasi synonyme de celui de foi religieuse ?

La preuve qu’essayer de ralentir le mouvement fait partie de nos besoins actuels n’est-elle pas que changer, évoluer, bouger, se transformer, est dans l’air du temps, au cœur d’une société provisoire, transitoire, aléatoire ? Et seraient menacés ceux qui se révèleraient incapables de consentir à cette plurimobilité et inaptes à s’adapter. On parle aujourd'hui davantage d’une vie en pointillés, séquencée, que d’une vie linéraire, prévisible ! Dans ce contexte où le mouvement devient en permanence la règle, peut-on s’étonner que celle-ci puisse modifier aussi la notion de vérité qui du coup se retrouve liée au moment, au lieu et à la culture de ceux qui la cherchent et la diffusent ?

Les scientifiques, dont l’éthique principale est le rapport à l’objectivité de ce qu’ils avancent eux-mêmes, font précéder le résultat de leurs investigations par cette formule : « Dans l’état actuel de nos recherches et celles de nos collègues, voici nos résultats provisoires ». Cette méthode de quête du « mieux connaître » la vérité, inductive, peut parfois se heurter à la méthode déductive, descendante, que les théologiens et les spécialistes de l’Ecriture utilisent pour définir les contenus de la foi.

Et pourtant ne peut-on constater une certaine similitude entre ceux qui cherchent à découvrir et connaître le monde et ceux qui cherchent à comprendre Dieu ? Les deux quêtes ambitionnent de s’approcher de la vérité du réel, qu’il s’agisse de l’univers ou de Dieu, par des chemins d’accès différents, mais poussés par des réflexes que je considère assez semblables. Dans cette frénésie actuelle pour le temps accéléré et toutes les mutations qu’elle suscite, on constate que tout n’est pas progrès, mais au contraire danger et menace et même impasse et piège pour l’histoire de l’humanité et dans la vie de tout un chacun. Cela ne suffit pas d’être dans un ascenseur qui dessert de nombreux étages, il faut savoir où l’on veut s’arrêter. Cela ne suffit pas d’aller vite, d’être efficace et performant, toute mobilité a besoin de motivation et de sens, de finalité.

Les couples eux-mêmes, dont l’univers repose sur la liberté, la fécondité, la fidélité, l’indissolubilité, sont invités à conjuguer leur existence, influencée par tous les mouvements, les conditionnements que notre époque leur impose, sans parler de ceux qu’eux-mêmes choisissent, en cherchant à faire tenir debout et en bonne marche leur couple, à l’image de la toupie qui trouve son équilibre par l’axe que maintient sa rotation.

Je suggère ainsi cette idée que l’accélération et les changements ne sont pas un empêchement à la durée et à la solidité, à la pérennité des engagements. Chaque personne, couple, famille, doit trouver son point d’équilibre quelles que soient les impulsions extérieures et intérieures qui pourraient provoquer une déstabilisation. Il faut consacrer du temps et de l’entraînement à progresser vraiment à travers les changements.

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