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Les billets du Père Lucien Marguet
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31 décembre 2019

La « terre », mère et nourricière…

 

Même si les « sciences » et la modernisation radicale de la technologie agricole ont transformé les modalités de leur rapport à la nature, les agriculteurs et les éleveurs demeurent des paysans associés à « la terre ». Car leur lieu d’existence est le terroir qui les abrite depuis souvent des décennies. Ils l’ont reçu en héritage ou en fermage.

Le paysan connait les terres qu’il cultive ; leur géographie, leur lieu-dit, leur géologie, leurs ressources chimiques naturelles. Il sait donc ce que chacune des parcelles est capable de fournir et les amendements qu’elle attend en complément. Ceux qui n’ont qu’une image globale et générale des terres arables et des pâturages n’ont qu’une idée floue de ces métiers premiers et universels, puisqu’on les voit s’exercer sur toute la surface de la planète. Le paysan a envers les terres qu’il cultive un rapport filial et d’abord respectueux. La terre est confiée à la science, à la sagesse et j’ose dire à la sainteté des paysans dont elle attend qu’ils se montrent avec elle confiants, patients et fidèles. Ni exploitants jusqu’à la malmener ni violents jusqu’à ignorer ses talents, ni distants jusqu’à la laisser envahir d’herbes folles !

Après un hiver qui exige des éleveurs de garder les troupeaux au chaud dans les étables et les bergeries, le printemps et les prairies d’herbe fraîche sonneront l’appel de la migration qui verra se disperser les troupeaux heureux de quitter leur pension, fût-elle dorée et choyée ! Certes les paysans et les éleveurs d’aujourd’hui manient autant l’ordinateur pour scruter les prévisions climatiques que pour s’informer sur les performances des semences et les produits permettant de les protéger des vermines susceptibles de mettre en péril leur développement…

Mais ces mêmes acteurs et alliés de la terre nourricière sont parfaitement conscients du fait qu’ils doivent moralement intervenir dans leurs terres avec lucidité, honnêteté et un strict respect des normes écologiques en vigueur. D’ailleurs comment pourraient-ils à la fois offrir la vie par les fruits de leur labeur et en même temps accomplir des actes qui risquent de la menacer ? Je n’ai jamais côtoyé en rural des travailleurs de la terre qui ne soient à la fois courageux et généreux, confiants et patients, qui ne se considèrent comme serviteurs plutôt que comme dominateurs, en ayant bien conscience du fait que, de « la terre », de « la vigne », de « la prairie », ils sont les partenaires et les bénéficiaires, les alliés.

Dans toutes les civilisations rurales, il est d’ailleurs dans l’année des moments prévus pour remercier les divinités, Dieu créateur de l’univers, du ciel et de la Terre, pour offrir symboliquement quelques « fruits » résultant de cette féconde collaboration, des capacités de la terre, des saisons variées, de la pluie, du vent, de l’air et du soleil, en conjugaison avec les forces et l’énergie humaine déclinées dans l’intelligence, le dévouement, le courage, l’honnêteté, la ténacité, l’endurance et la constance des paysans, vignerons et éleveurs, à qui l’occasion nous est donnée d’adresser un très grand et sincère Merci !

Enfin, le monde paysan qui s’appuie désormais sur des moyens mécaniques de plus en plus sophistiqués n’a en rien perdu de ses comportements solidaires qui continuent à nourrir le vivre ensemble rural, agricole, viticole et de l’élevage domestique, cette conscience du lien à la terre et de la relation « aux autres ».

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