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27 mars 2020

5ème dimanche de Carême (A)

29 mars 2020

Ezékiel 37 12-14 - Romains 8  8-11 - Jean11 1-45

 

Après la chute de Jérusalem en 587, beaucoup d’Hébreux sont déportés à Babylone en terre païenne. L’Irak actuel entre le Tigre et l’Euphrate. Et l’exil va durer tellement que les Juifs vont se croire anéantis à jamais. Ces gens disaient : « Nous sommes un peuple mort, pour toujours enfermé dans ce pays comme dans un tombeau. Pour Israël il n’est plus d’avenir». Sentiment qu'éprouve en ce moment le peuple syrien anéanti par une interminable guerre. Sentiment d’abandon que peuvent ressentir les confinés dans leur maison à cause du Covid-19.

Alors Dieu accorde à Ezékiel une vision grandiose, lui révélant un pouvoir de redonner la vie à ce qui est mort. Cette vision doit rendre le courage et l’espérance au cœur du prophète et par son intermédiaire à tous les déportés. Le désespoir peut s’avérer pire que la survie matérielle. « Je vais ouvrir les tombeaux et je vous en ferai sortir »… Il n’est pas, et jamais, de situation fatale pour Dieu. « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ». Soulignons que cette phrase « Et tu sauras que je suis le Seigneur » se retrouve 54 fois dans le livre d’Ezékiel et que Dieu prend toujours le parti pris de l’Espérance, là même où les humains la pensent ruinée. Ce texte nous dit de façon éclatante que Dieu ne lâche jamais prise dans son alliance avec l'Humanité. Il ouvre toujours un avenir face à des obstacles ressentis comme insurmontables.

Dans la lettre aux Romains, Paul, sans doute de Corinthe où il séjourne en 57, nous dit la liberté des chrétiens dans l’Esprit : si le chrétien n’est plus sous la servitude de la Loi, il est appelé à un rapport nouveau à Dieu. Dans tout ce passage, chair et esprit s’opposent. La chair, c’est tout ce qui dans un homme peut être perçu par les sens : tout ce qui fait qu’un homme est homme et non un pur esprit. La chair a été créée par Dieu. Le Fils de Dieu a pris chair. Du coup, c'est ce qui implante dans le temps et une durée, et aussi dans un lieu et un espace ; ce qui est chair est soumis à conditions.

Chez Paul la chair désigne les faiblesses de la nature humaine : les instincts, les travers, la non maitrise. Imprégné de philosophie grecque, Paul oppose à la chair l’esprit qui fait de l’homme non seulement un vivant, mais aussi un être pensant et responsable. Et l’apôtre affirme avec insistance la primauté de l’esprit sur la chair : « Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous ». Paul voit l’Esprit comme une force de résurrection en tout baptisé qui l’accueille en lui. « Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes ».

Ces deux textes, Ezékiel et la lettre de Paul aux Romains, nous préparent à recevoir le Message que contient ce récit du retour à la vie de Lazare. Car il s’agit plus d’un réveil que d’une résurrection qui met dans un état définitif de vie nouvelle. Lazare reviendra continuer sa vie terrestre, mais finira par mourir. Jésus réanime la fille de Jaïre, le fils d’une veuve à Naïm et Lazare, un ami dont il était proche. Ce retour à la vie de Lazare préfigure la résurrection après notre mort, à la suite de Jésus. Mais ce signe donné à Béthanie témoigne de la puissance de vie détenue par Jésus. Un peu à la façon dont nous avons compris la Transfiguration au Mont Thabor.

Ce Jésus de Nazareth ne va pas seulement à la mort pour y être anéanti et oublié, mais pour passer à une vie transformée et pleinement épanouie, une vie Re-suscitée. Dans cette page d’Evangile, il ne faut donc pas fixer notre regard sur Lazare, ses sœurs et les gens, mais sur Jésus. Qu’apprenons nous de plus sur lui ? Il nous appelle à la foi, à la confiance en Lui ; au-delà des drames et des séparations, nous sommes conviés à l’Espérance. Et en disant cela nous retrouvons l’Espérance que Dieu voudrait bien transmettre aux Hébreux exilés à Babylone. « Vous saurez que je suis le Seigneur quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai sortir, ô mon peuple ! ». Les bouleversements que le virus répand avec tant de violence secouent nos certitudes et nous poussent à recaler nos vies en fonction de l’essentiel.

En ce 5ème dimanche de Carême, où il est de tradition de collecter les dons effectués à l'occasion du Carême et de les confier au C.C.F.D. pour qu'il en fasse un usage utile dans les pays en voie de développement souvent marqués par l'extrême pauvreté et la malnutrition, comment ne pas prier le Christ de mettre debout ces peuples, ainsi que les citoyens du monde entier menacés ou accablés par la pandémie du Covid-19, comme il a remis debout Lazare pour qu'il vive, sept jours avant la mort et la résurrection de Jésus.

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