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Les billets du Père Lucien Marguet
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19 avril 2020

Quelques commentaires sur la messe...

 

La messe est aussi le souvenir des sacrifices d'animaux que de nombreux peuples offraient à Dieu en croyant ainsi le remercier pour ses bienfaits déjà accordés ou sollicités pour l'avenir. Jésus se substitue à ces rites anciens en s'offrant tout entier lui-même à son Père. Il donne tout de sa vie, ses engagements, ses paroles, ses actes, ses attitudes, auxquels il associe nos vies avec leurs désirs, leurs aspirations et leurs projets, leurs peines et leurs joies, leurs réussites et leurs échecs, leurs larmes, leurs souffrances. Car ayant vécu notre condition humaine, Jésus est en mesure d'en faire une prière « eucharistique », de gratitude à Dieu son Père. Participer à la messe invite chacune et chacun à déposer son humanité dans celle de Jésus « assis à la droite du Père ».

La messe s'enracine aussi dans le souvenir ritualisé chaque année de la Pâque juive. Lors de la libération de l'esclavage d'Egypte, la nuit de Pâques, Moïse demande à son peuple de sacrifier un agneau. Son sang versé est aspergé sur les linteaux des portes afin d'identifier la demeure des Hébreux destinés à quitter la terre d'Egypte où ils sont soumis. Ce sang de l'agneau sacrifié les a sauvés. Dans la messe, c'est le sang versé par Jésus qui sauve l'humanité. On mange alors l'agneau en toute hâte et du pain sans levain car on peut avoir à partir sur le champ, en urgence. D'où, dans la messe, le pain sans levain que sont les hosties.

La messe initiée par Jésus la veille de sa mort se déroule aussi sous forme d'un repas qui offre deux nourritures aux participants. La Parole entendue, écoutée par les auditeurs, explicitée par des « porte-paroles » de Dieu, est assimilée et digérée par les croyants en devenant raisons et moyens de vivre, de croire, d'aimer et d'espérer. Cette parole adressée et transmise à chacun(e) entre-tient tous ceux et celles qui la reçoivent. Ainsi elle relie et allie tous ceux et celles qui l'accueillent pour les faire devenir un peuple en Jésus. Ce peuple uni en Jésus, Parole de Dieu, on l'appelle l'Eglise. En même temps que la Parole est diffusée dans les cœurs, Jésus se donne en nourriture. En s'offrant à la place de l'agneau, Jésus nous montre qu’il n’est plus besoin de verser le sang des animaux. Jésus rassemble en lui tous les élans humains pour les faire parvenir chez son Père. A l'heure de sa Passion, son sang répandu « devient » du vin et sa chair transpercée « devient » une nourriture. En recevant l'hostie, nous sommes unis à Lui et, par Lui, communiés à tous ceux et celles qui le reçoivent, et par Lui et en Lui reliés à Dieu créateur de l'univers, de la Terre et de l'Humanité d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

A la fin du dernier repas durant lequel Jésus institue l'Eucharistie, il recommande à ceux qui étaient là de reproduire à leur tour ce qu'ils viennent de vivre avec lui : « Vous ferez ceci en mémoire de moi ». Ainsi la messe est bien plus qu'un souvenir, c'est une ré-initialisation au présent de ce que Jésus a fait au passé. « Il est grand le mystère de la Foi » dit-on. En effet la messe est un condensé de l'histoire et de la foi chrétienne qui se conclut par un envoi : « Devenez ce que vous recevez » (Saint Augustin). Jésus qui se donne entièrement nous donne de nous offrir dans son offrande. Le recevoir dans sa Parole et son Pain de vie doit nous faire consentir à nous faire Don à notre tour auprès des autres : « Que l'Esprit fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire » (prière eucharistique IV). La messe (qui en latin signifie « envoyer ») fait de nous non seulement des bénéficiaires, mais aussi des donateurs. La messe est le lieu et le temps, le fournil, où est fabriqué le pain de Dieu qui appelle des volontaires pour en assurer la livraison partout et tout le temps !

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