Le sacrement du Corps et du Sang du Christ - nnée A

14 juin 2020

Dt 8 ^{2-3. 14b-16a} - Co 10 ^16-17 - Jn 6 ^51-58

1600 ans avant Jésus-Christ, les Hébreux subissaient une famine dans leur pays à cause d'une grande sécheresse. Ils entendent alors raconter qu'en Egypte il y a beaucoup de nourriture. Ils finissent par s'y rendre. Ils y resteront pendant 400 ans. Ils travaillaient beaucoup et recevaient peu de considération. En 1235 avant Jésus, Moïse les sortira de ce pays où ils avaient été réduits à l'état d'esclaves. Ainsi, chaque année, les Hébreux fêteront leur libération au cours d'un repas qualifié de "pascal". Pain d'Amour de Dieu qui donne goût de liberté et de dignité.

Jésus célébrera la Pâque juive jusqu'à la dernière qui se déroulait quelques heures avant son arrestation et sa mort. A la fin de ce repas pascal, il prend du pain sur la table et dit : "Prenez, ceci est mon corps livré pour vous". Il prend aussi du vin et dit : "Buvez, ceci est mon sang versé pour vous." Et il ajoute : "Faites ceci en mémoire de moi".

Ce pain offert par Jésus à ses Apôtres réunis n'est pas seulement une nourriture. Il n'est pas seulement un don de Jésus. Il est Jésus réellement présent. Aussi, quand on mange ce pain, on accueille Jésus en soi. Il prend place en nos vies. Jésus a trouvé ce geste ordinaire qu'est le fait de se nourrir pour demeurer vraiment avec nous.

Quand à la messe nous recevons l'hostie, nous accueillons le Christ. Dieu lui-même est vraiment présent. Nous acceptons qu'il nous fasse don de sa vie. Sa vie se mélange à la nôtre. La nôtre à la sienne en communion. Ainsi petit à petit nous sommes imprégnés de Lui. La vie de Dieu grandit en nous. A force de « fréquenter » Jésus en écoutant les récits de sa vie, ses paroles, ses intentions, ses actions, ses réactions face aux situations, en recevant son Pain de Vie, nous sommes unis à Lui.

Jésus n'est plus seulement à côté de nous. Il est en nous, Il n'est pas seulement en moi. Mais aussi dans mon voisin. Alors Jésus nous unit, nous réunit, nous communie. En respectant, en aimant mon voisin, c'est aussi Jésus en lui que j'aide, que j'aime. Et ensemble nous devenons le Corps de Jésus. Toute personne qui reçoit Jésus devient membre de Jésus et l'image de Jésus.

Après la multiplication des pains qui nourrit une foule, Jésus prononce ce que saint Jean rapporte en discours sur le Pain de Vie : "Moi je suis le Pain vivant... le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour que le monde ait la vie". Et, nous dit St Jean, "les Juifs discutaient entre eux : "comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?" Et devant ces murmures de résistance, Jésus insiste : "Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous... Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui"... Jésus confirme ces paroles lors du dernier repas pascal au cours duquel il instituera l'Eucharistie : "Prenez, ceci est mon Corps"... "Prenez, ceci est mon sang".

Nous croyons que dans ce Pain et ce vin consacrés Jésus est réellement Présent. C'est un Mystère, non pas quelque chose d'incompréhensible, mais de tellement profond et infini qu'il faut à la Raison articuler la foi et l'amour. Jésus devait quitter ses disciples, il avait le cœur blessé par ce sacrifice de sa vie qu'il allait accomplir. Au sens où St Augustin a défini comme "sacrifice, toute œuvre bonne que nous faisons pour Dieu ou envers le prochain pour Dieu et qui nous permet d'être heureux". Le Christ s'est entièrement donné à Dieu et aux hommes durant toute sa vie jusqu'à la souffrance de la Croix. Dans ce sens, l'Eucharistie est le sacrement du sacrifice du Christ. Et se donner peut passer par l'épreuve de la souffrance.

Après 3 ans de vie commune avec ses proches, Jésus choisit ce geste simple pour demeurer avec eux et plus encore pour demeurer "en eux". Le baiser de nos amoureux contenait réellement leur amour, mais, si pur soit-il, un amour humain est imparfait et limité. Jésus, lui, distribuant le pain et le vin, y offre gratuitement toute la "chair" de sa vie et tout le "sang" de son amour. Alors on peut dire, c'est Jésus vivant, ressuscité, qui est là sous "les apparences du pain et du vin". C'est le Mystère de la présence réelle. Mais seul l'amour nous permet de voir et la foi de croire, de discerner le Corps du Seigneur, comme le dit St Paul dans sa 1^ère épître aux Corinthiens (11^23-34).

"Les premiers chrétiens", nous rapportent les Actes des Apôtres, "étaient assidus à l'enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières" (Actes 2⁴²). L'exemple de la première communauté inspire-t-il nos assemblées d'aujourd'hui ? Non seulement elle écoutait la Parole, mangeait le pain de l'Eucharistie, mais ses membres partageaient tout et mettaient tout en commun, et ils le faisaient dans la joie. "Ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l'allégresse et la simplicité de cœur."

Alors, pourquoi aller à la Messe ?

-       D'abord, pour rencontrer celui qui nous invite : Jésus seul peut faire vivre une communauté de disciples.

-       Pour redécouvrir la joie de partager avec des frères et des sœurs qui sont une "réelle présence" de Dieu, car nous sommes ensemble le Corps vivant du Christ dans ce temps

-       Pour apprendre à mettre en pratique la Parole de Dieu

-       Et pour redire merci pour ce don merveilleux qui vient changer nos vies.

Dans la prière eucharistique des enfants, le prêtre dit : "

"Dieu notre Père, tu nous as réunis et nous sommes devant toi pour te fêter, pour t'acclamer et te dire l'émerveillement de nos cœurs..."

Avec ces sentiments-là, la messe n'est plus une obligation et je ne me demande plus "à quoi elle sert". Elle est l'oxygène de ma vie de foi et la joie de venir à la source d'eau vive.