Informer pour former, ou désinformer et déformer ?

La démocratie est le meilleur des systèmes politiques expérimentés à condition qu'il y ait d'abord du côté des concitoyens une volonté de la voir fonctionner réellement. Cela suppose aussi de la part des citoyens des désirs exprimés de s'informer, et du côté des services de l'Etat des possibilités offertes à tous de connaître et de comprendre le fonctionnement et les enjeux des orientations et des choix effectués. 

Depuis les maires et les conseillers municipaux des plus petits villages en passant par les conseillers départementaux et les députés jusqu'aux ministres et au Président de la République, comment ne pas souhaiter que soient dits et expliqués avec clarté les objectifs recherchés pour le pays, les difficultés à surmonter et les moyens envisagés pour progresser ? Les enfumages et les camouflages par des annonces sans mise en œuvre, des bilans truqués, des pronostics illusoires, font perdre tout crédit et toute confiance à celles et ceux qui sont chargés de faire fonctionner les moteurs de la "démocratie républicaine". Or des citoyens dégoûtés et déçus de la politique deviennent parfois des extrémistes sans mesure ni sagesse ! 

La civilité et la citoyenneté s'apprennent en étant informé et formé, par une instruction civique et une éducation au vivre social qui avertissent de ses droits et rendent conscient de ses devoirs. Il revient à ceux qui savent plus de transmettre à ceux qui savent moins. L'on ne peut apprécier la démocratie qu'en la pratiquant et en contribuant en paroles et en actes à son fonctionnement. Bien sûr, dans une société globalisée et mondialisée, le système démocratique peut apparaître vulnérable aux yeux des états autocrates et autoritaires. La tentation sera grande de venir s'introduire dans les rouages d'un fonctionnement démocratique pour le pervertir, ou à tout le moins le gripper de l'intérieur. Une démocratie doit donc se protéger des "virus", d'où qu'ils proviennent. 

Il est donc nécessaire aux citoyens de base comme aux cadres d'une démocratie de demeurer vigilants quant aux dérives possibles menaçant le Bien commun d'un pays en son unité et sa cohésion. Une démocratie craint les communautarismes, les sectarismes, les particularismes grégaires, mais aussi l'assistanat économique et social permanent qui habitue des citoyens à dépendre et les prive de leur capacité à participer ! En effet, une démocratie n'a d'avenir que dans la mesure où ses membres contribuent selon leurs possibilités et capacités à son fonctionnement et à son développement. 

Est-il utile de rappeler que, dans cette nécessité de former et d'informer, l'école, de la petite enfance à l'université, les médias écrits, audio et télévisuels, sont attendus avec leur puissance de diffusion et d'influence. Je pense aussi à ces multiples coopératives, syndicats et associations dans lesquels les débats, les négociations, les confrontations et les décisions font le quotidien, que l'on peut aussi qualifier de "vie démocratique"…