Vivre sans ou avec Dieu ?

« Mes petits-enfants ne sont pas baptisés, ils se disent incroyants. Pourtant lorsqu'ils me racontent ce qu'ils font avec et pour les autres, je les trouve formidables et admirables ! ». Et cette grand-mère d'ajouter : « Qu’est ce que cela leur apporterait de plus s’ils se mettaient à croire en Dieu ? ». 

Je sais que la foi chrétienne a beaucoup compté dans l'existence de cette mamie, devant les obstacles à franchir, les choix compliqués à faire, les souffrances à endurer, les recours à la bienveillance et au pardon qui l’ont en permanence soutenue. Or elle m'a souvent confié que la source à laquelle elle a puisé était sa foi en Jésus et sa confiance en Marie. Pourtant je sens bien que la belle vie de ses petits-enfants, vraie, sincère, généreuse, solidaire, l'interroge. S'il ne leur manque rien, pourquoi devrais-je leur parler de ma foi en Dieu et de mon adhésion à l'Eglise ? Ayant eu de nombreuses fois ce genre de confidences de gens admiratifs et fiers de leurs petits-enfants et en même temps tristes que la foi ne leur manque pas, je me suis permis de partager avec elle, au cours d'une réunion, ces quelques convictions : 

Certes et heureusement, il n’y a pas que les chrétiens ou des croyants répertoriés comme tels qui détiennent le monopole du bien accompli et de l'humain préférable, car en réalité tout le monde y est convié ! Mais ceux qui croient en Dieu révélé en particulier par Jésus de Nazareth et annoncé par l'Eglise, ont des raisons de plus pour conduire leur vie selon ses instructions. Par leurs choix de croire, ils se savent guidés par la loi divine, ils sont soutenus par le lien qui les relie à Jésus et aux autres croyants, ayant en commun les mêmes valeurs, les mêmes codes évangéliques, en un mot le même logiciel pour conduire leur vie personnelle et sociale. Ceux et celles qui n'ont pas la foi doivent inventer par eux-mêmes, tracer seuls leur chemin, sélectionner les sources qui les aident où creuser par eux-mêmes leur puits ! 

Quand Jésus, à la suite des croyants depuis Abraham, dit de lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », cela ne veut pas dire qu'il propose aux croyants de s'occuper de tout, de prendre le volant à la place du conducteur, pour devenir pour qui a foi en lui ce chemin de vérité et de vie… En certains tronçons de l'existence humaine, il est plus aisé de faire le bien et en d'autres étapes, la volonté et le courage, la fidélité, la persévérance doivent prendre le relais. Or la foi en Dieu, le souffle invoqué de l'Esprit Saint, sont pour les croyants, durant leur parcours terrestre, des aires de repos et de ressourcement d'énergie ! 

Enfin, plus les humains seront nombreux à partager leur foi en Dieu, plus un référentiel de lois communes pourra garantir la liberté et la paix civile, la fraternité universelle. Par contre, si chaque être humain se fabrique sa propre liste de droits et de devoirs, une pluralité des choix et de comportements, cette option individuelle et circonstancielle peut introduire peu à peu des divisions dans la société et générer des violences. Croire en Dieu n'est pas une « assurance multirisque automatique » de la vie, tant s'en faut, car, comme tout humain, tout croyant a des fragilités qui peuvent le faire déraper et faillir, quitter la route. La foi comprend aussi le doute, l’erreur et le péché. Croire en Dieu invite à la conversion – qui n’est jamais totale -, et à demeurer vigilant et éveillé ! Ce qui est une chance supplémentaire pour le croyant qui sait que Dieu, à tout moment, peut intervenir dans sa vie pour le réveiller et lui remonter les bretelles !