Seigneur, apprends-nous à prier
Chacun(e) de nous pourrait dire qui lui a appris à
prier et lui a transmis le Notre Père. Car dans notre vie nous sommes tous
bénéficiaires de transmission. D'ailleurs, l'une des grandes questions
actuelles de l'Eglise, avant même celle de la proposition de la Foi, c'est
celle de la transmission. Qui se donne ce devoir de transmettre aux jeunes
générations ce que nous avons nous-mêmes reçu ? Y a-t-il assez de témoins prêts
à répondre aux questions des enfants et des jeunes ? D'où venons-nous ? Où
allons-nous ? Les qui, les quoi et les pourquoi ? Comment vivre ? Selon quelles
valeurs ?
L'Evangile de Luc (11, 2-4) est un bon
exemple de transmission en direct. Les disciples voient Jésus prier tous les
jours, soit en se retirant à l'écart, soit sur place avant de guérir ou de
parler aux foules. Alors cela fait naître en eux le désir de lui demander de
les initier à sa prière : "Seigneur,
apprends-nous à prier". Plutôt que d'expliquer et de justifier sa
prière, Jésus les entraîne alors dans sa prière adressée à son Père. Ce qu'il
dit, il les invite à le dire eux aussi. De jeunes parents qui ressentent comme
une chance à offrir à leurs enfants de développer en eux une capacité au
silence, à l'intériorité, au recueillement, demandent que l'Eglise les aide
dans cet éveil. Des écoles de prière sont fondées pour proposer une initiation
à la prière et à la vie spirituelle. Les monastères et abbayes sont aujourd'hui
très fréquentés parce qu'on y trouve le silence et l'oraison. Notre époque est
intrépide, bruyante, par bien des aspects superficielle, il est logique qu'un
retour à l'intériorité se produise. Et cette tendance ira en s'accentuant.
Serons-nous alors prêts et aptes ? En capacité d'accompagner cette demande de
spiritualité ?
De tout temps la dimension religieuse a accompagné la
présence humaine. Jésus, pour les chrétiens, constitue un maître en vie
spirituelle. Il nous a appris que l'on peut prier avec tout ce qui nous tient à
cœur. Admirer, contempler, remercier, pour ce qui est beau, bon, bien,
lumineux. Prier avec Jésus, c'est aussi parfois demander pardon pour nos
mauvais actes, nos omissions, nos lâchetés. C'est aussi égrainer le nom d'êtres
aimés : mal dans leur peau, déchirés, malades, désorientés dans leur vie. Mais
prier, c'est aussi remercier Dieu pour un couple accueillant un enfant, le
courage d'une réconciliation, une vocation assumée, tout ce qui épanouit et
réjouit.
"Seigneur,
apprends-nous à prier"… Seul, en couple, en famille, entre amis, en Paroisse…
Dans un livre de prières paru il y a longtemps, le Père Michel Quoist écrivait
: "Il faut saisir toutes les
occasions qu'offre la vie pour se ressaisir et communier à Dieu : l'attente de
l'autobus (du bateau, du train…), le moteur de la voiture qui chauffe avant de
démarrer, les trois minutes de l'œuf à la coque, le lait qui va bouillir, le
biberon qui doit refroidir, au téléphone la ligne qui n'est pas libre, le feu
rouge sur la route…" "Ne tue pas le temps, si restreint soit-il, il
est providentiel. Le Seigneur y est toujours présent".