Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
9 février 2023

Réfléchissons encore à l’Eglise…

 

On a trop longtemps laissé penser que l’Eglise était une société parfaite. Cela exigeait qu'elle se protège de toute contestation, en particulier dans l’ordre moral, de ses affirmations. On se faisait un devoir de sauvegarder l'image correcte de cette institution qui devait demeurer un exemple. Il fallait cacher ses faiblesses et ses misères, car c'était la condition pour que sa crédibilité soit sauvegardée. Dans ce monde « religieux », les prêtres et les évêques, les personnes ordonnées et consacrées assuraient les rôles les plus en vue, disons publics. Il fallait taire les écarts dans lesquels s’égaraient certains. 

Dans le dévoilement sans limite que l'Eglise mène aujourd'hui, conjointement à la société civile, il ne faudrait pas que l'Eglise ait pour projet de reconquérir sa « perfection » en éliminant les gens qui par leurs actes s’en sont montrés indignes. Cet écrémage serait-il conforme à l'Esprit évangélique ? Et, par ailleurs, est-on sûr que la nature humaine, ambivalente par essence, ne va pas perdurer en d'autres personnes qui frappent à la porte de l'Eglise ? Devra-t-on prévenir tout danger de dérive par des exigences éliminatoires alors que Jésus a fondé l'Eglise en appelant derrière lui des disciples à l’âme généreuse mais si fragile ! L'Eglise n'a-t-elle pas été voulue par Jésus comme un espace ou un temps de purification et de conversion, d'évolution progressive, de salut ? Le jugement dernier dont l'Évangile nous dit l'existence est prévu à la fin des temps et non maintenant. Chaque citoyen du monde et chaque chrétien a son chemin et en rendra compte à Dieu, Père de toute vie et de l'Amour, de la miséricorde et du pardon. 

Sans jamais occulter ou minimiser le mal commis, coupable et détestable, l'Eglise n’aurait-elle pour devoir, comme les lois des hommes l'exigent en justice, que de condamner et punir, exiger réparation ? N'a-t-elle pas aussi la mission de redresser ce qui est tordu et dévié, de montrer aussi qu'il est toujours possible de préférer le bien au pire, malheureusement accompli ? Face aux abus dénoncés, certains chrétiens sont tentés de penser que ces grands fautifs désignés ont perdu toute capacité à traduire et transmettre le message évangélique, et pire encore, que la totalité de leur vie est contaminée et pervertie jusqu'à mériter un rejet total ! 

Jean Vanier, le fondateur de l'Arche, est de ces personnages emblématiques que l'on croyait irréprochable et admirable. N'allons pas, maintenant que l'on en sait plus sur ses graves sorties de route, le condamner en bloc, en courant le risque d'être nous-mêmes profondément ingrats et injustes. Heureusement que c'est Dieu qui voit et sait, nous connaît, qui nous jugera à notre arrivée dans l’éternité ! 

Dans la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13, 24-30), Jésus, se montrant réaliste, sait bien que le Mal côtoie le Bien et que le cœur de l’homme est souvent ambigu. Tout en souhaitant et en travaillant à la croissance du Règne de Dieu, Jésus nous avertit qu’il faut être patients et animés d’Espérance. Le bon grain et l’ivraie cohabiteront jusqu’à la fin des temps !

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité