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Les billets du Père Lucien Marguet
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4 mars 2023

L’Europe, le continent de la « liberté de conscience », selon le Professeur Halik

 

Dans ces feuilles nourries, et très intéressantes, dans lesquelles notre archevêque Eric de Moulins-Beaufort nous a partagé sa relecture de la version continentale européenne du synode « Synodalité = communion, participation, mission », j’ai relevé le paragraphe suivant : « Un thème est revenu souvent : la sécularité ou la sécularisation, certains y voyant une menace pour la foi chrétienne, d’autres une chance ». 

C’est une constatation, à mon avis, récurrente maintenant dans tous les pays, y compris plus récemment en Pologne, que l’on disait jusqu’alors épargnée. Danger, menace ou chance pour l’annonce et l’adhésion au christianisme, la sécularisation généralisée est d’abord un fait objectif qui nous fait constater une émancipation de l’humain par rapport au sacré et tout spécialement le reflux complet de tout recours à toute entité transcendante. Les hommes d’aujourd’hui prétendent à une vie autonome et autosuffisante dont le présent et l’avenir, les décisions, les actions, la conduite morale, ne dépendent que des capacités à connaître, comprendre, discerner, grâce aux moyens que la nature humaine fournit à chacun et à la société dans son ensemble. 

La « sécularisation » peut être regardée, me semble-t-il, comme une étape de l’émergence et de la croissance. Si la religion pouvait apparaître à certains comme un manque de confiance en soi et un appel au secours devant les pièges et les dangers, les échecs rencontrés en chemin, la sécularisation restituerait à l’humain la certitude de pouvoir se débrouiller seul. Cela me fait vraiment penser à l’enfant qui tient la main de son père et qui, devenant adolescent et progressivement mature, la lâche en ajoutant toujours plus de distance par rapport à ses parents et toute autorité, avec la prétention de penser, choisir et agir par lui-même. 

Or cette soif de liberté me parait normale et même souhaitable, puisque l’on dit que Jésus est venu pour nous proposer une vie « libre et responsable » et nous permettre de bénéficier de la « dignité » que nous confère notre humanité. Il est vrai que trop souvent la confusion a pu être faite entre la religion, avec ses interdits, ses rites qui génèrent des comportements d’ordre social et culturel, et l’acte de foi qui, lui, passe nécessairement par la liberté de conscience et le choix personnel réfléchi et volontaire. Dans la foi que propose Jésus, non seulement la liberté de conscience n’est pas mise à l’écart, ni soumise, ni anesthésiée, mais elle est valorisée, purifiée et soutenue. Force est de constater que la foi chrétienne, l’Evangile de vie et Jésus « chemin, vérité et vie » ne sont pas toujours proposés en priorité et que par contre un comportement religieux l’a souvent été ! L’acte de confiance en Jésus devrait donc toujours précéder la pratique religieuse, qui serait davantage une illustration de la foi personnelle et de la relation intime avec le Ciel. A travers l’option pour la sécularité, nos contemporains ne sont-ils pas toujours très en recherche de sens, d’accomplissement, d’humanité épanouie, de fraternité joyeuse ? 

Or la mission confiée par le Christ à son Eglise et en premier à chaque baptisé n’est-elle pas de témoigner que la foi en Jésus alimente la liberté, la vérité et la charité, ces aspirations universelles présentes dans le secret de l’âme de tout être humain ? Il se pourrait que, comme l’a écrit un certain Dominique Collin, « le christianisme n’existe pas encore » !

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