Se marier pour être libre…
Nombre
de couples ne "contractent" pas mariage pour, disent-ils,
"rester libres". Ils tiennent tant à leur liberté individuelle, parce
qu'elle permet de se quitter plus facilement en cas de désaccord, qu'ils
écartent l'idée même d'union civile à la mairie, et bien plus encore d'alliance
religieuse à l'église. Certes ces couples n'ont pas à se désengager puisque,
prétendent-ils, ils ne se sont jamais engagés l'un envers l'autre. Mais,
disons-le franchement, ils ressemblent à des gens qui, pour ne pas périr dans
un crash aérien, ne prennent jamais l'avion, ou à ces prétendus navigateurs
qui, par crainte des dangers de l'océan, demeurent à quai ! Ou encore à ces
enfants qui restent dans la maison de Papa et Maman pour se protéger des
dangers du monde.
De
plus, la liberté est-elle de se garder soi-même, ou bien ne se trouve-t-elle
pas plutôt dans une parole échangée qui devient promesse mutuelle de vivre
ensemble tout au long de sa vie, quoi qu'il arrive ? Cet engagement de
confiance n'est-il pas une sécurité que l'un et l'autre s'offrent et qui les
met à l'abri de la liberté individuelle de chacun qui peut à tout propos devenir
individualiste et égoïste ?
Se
marier, c'est de fait choisir l'unité du couple et écarter de succomber aux
tentations de reprendre "sa" liberté. Alors y a-t-il une liberté plus
grande que celle d'un couple qui s'engage et s'implique ? Quel est le type de
contrat professionnel qui offre la plus grande liberté à un jeune ? Un contrat
à durée déterminée ou un contrat à durée indéterminée ? Avec quel contrat
sera-t-il plus en mesure de fonder un foyer, d'acheter une voiture ou
d'envisager de construire une maison ? Si une relation conjugale s'en tient à
une confiance mesurée, si chacun prend ses dispositions pour pouvoir déguerpir
facilement, la venue d'un enfant ne se ressentira-t-elle pas de cette union
sans fondement officiel ?
Il
me semble que "l'air du temps" est atteint par une fausse conception
de la liberté, réduite au seul individu. Il s'agit là d'une conception libérale
de la liberté selon laquelle chacun est en droit de disposer de sa vie à sa
guise sans que cela ait le moindre lien à la vie d'autrui. Ce qui a pour
résultat une société atomisée et morcelée, fragilisée dans les liens dont elle
aurait besoin pour tenir debout et traverser les tempêtes de l'aventure
humaine.